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Après avoir eu un visa en quelques heures à Hongkong, je suis parti pour un week-end long en Chine. J'ai pris le train. La veille, mon chef de chantier, chinois, m'avait pris en tête à tête pour me demander si je connaissais la langue internationale parlée en Chine, que j'étais sensé employer en cas de besoin sur place... face à mon regard interrogateur, il a sorti un billet de banque... Le ton était donné.
Je suis tout d'abord allé à Canton par le train, Kowloon Canton Railway (KCR, 163 HK$). J'étais avec l'autre stagiaire qui connaissait des amis dans un hôtel à Canton, au White Swan Hotel, un grand palace où nous avons partagé une chambre (des familles chinoises venaient se prendre en photo devant la mini-cascade DANS l'entrée de l'hôtel). Nous avons visité le centre ville qui, avec notre approche rapide donc superficielle, ressemblait beaucoup à Hongkong. Il y avait tout de même un quartier colonial intéressant à visiter, avec des maisons anciennes et délabrées. J'ai trouvé les gens en moyenne plus souriant qu'à Hongkong, et les rues plus sales. Le lendemain, j'ai pris mes cliques et mes claques, laissant la les amis à l'hôtel, et je suis parti de Canton par le train car je voulais visiter une Chine un peu plus "profonde", alors qu'eux voulaient rester à Canton.
J'ai pris un billet de train pour la seule ville qui était dans le guide du routard que j'avais, et qui décrivait la Thaïlande, la Birmanie, Hongkong et Macao (autre que Canton), c'est à dire Zhaoqing, dans la région du "Roc des Sept Etoiles". Le trajet dura 4 heures dans un train somme toutes confortable. Quand je suis arrivé, à la gare, je suis sorti avec tout le monde, pendant que le train repartait vers sa destination suivante... Rien de plus normal. A peine sorti, je suis rentré dans la gare pour acheter mon billet retour, qu'on avait pas voulu me vendre à Canton. Malgré mon guide de poche de traduction chinois-anglais, le monsieur, ne parlant que Chinois, ne voulait pas me vendre de ticket pour Canton... Je me suis dit que je verrai cela plus tard, mais cela m'embêtait quand même beaucoup et m'occupa l'esprit.
J'ai alors pris une voiture taxi, vieille camionnette blanche avec une porte coulissante que le chauffeur dû "arracher" pour l'ouvrir (le seul moyen, car elle ne coulissait plus), et d'où je voyais la route à travers le plancher. Je lui dit "hôtel". Il parti avec moi. Vu de loin, la ville était une petite ville chinoise... d'environ 100 000 habitants !!! Une bien petite ville à l'échelle du pays. J'ai demandé au chauffeur de me conduire vers l'extérieur, et je suis arrivé au "Song Tao Hotel", un hôtel très luxueux pour 210 FF la nuit (très cher localement, mais pas trop cher pour un touriste occidental). Le seul bagage que j'avais était un petit sac à dos (très petit) avec quelques affaires de rechange et un minimum d'affaires de toilette... les responsables de l'hôtel étaient épatés de me voir avec rien d'autre !
Alors, je suis parti me promener tout autour, dans les champs, les rizières et les forêts. C'était très dépaysant. J'ai croisé des gens qui m'ont fait de grands signes d'accueil. J'ai vu des petits ponts de pierre... et j'ai visité un parc pour touristes au milieu des lacs, avec des ponts suspendus en bois. J'ai passé une bonne journée. Et je n'avais toujours pas de ticket retour, car les responsables de l'hôtel, même s'ils ne parlaient que peu l'anglais, semblaient avoir compris mon besoin et m'avaient répondu par la négative. J'étais étonné, et un peu inquiet : comment allais-je rentrer ?
J'ai passé la soirée dans le restaurant de l'hôtel, et un gamin de 2 ans, voyant sans doute pour la première fois un européen, s'est mis à hurler, terrorisé. Je me souviens de son regard ahuri face à moi dans les bras de ses parents. Je suis allé ensuite me coucher dans ma chambre digne d'un grand palace.
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Le lendemain matin, je voulais partir de l'hôtel, en m'étant fait expliquer où acheter un billet. Mais cela ne marchait pas. Il y avait toujours blocage. Tout d'un coup, une jeune chinoise est arrivée avec ses deux parents. Elle m'a compris ! Et en fait, ce n'étaient pas ses parents, mais des clients de son agence de voyage qu'elle faisaient voyager. Elle parlait un anglais parfait, et m'expliqua que le train que j'avais pris faisait une boucle unique, et que le seul moyen de revenir à Canton par le train était d'achever la boucle ! Le problème de n'avoir qu'une voie. Seulement, la fin de la boucle prenait deux jours !!! D'un autre côté, elle me conseilla de prendre un des multiples minibus qui allait jusqu'à Canton. Pour cela, elle me réserva une place auprès des personnes à l'accueil de l'hôtel. Vraiment très sympathique ! Elle me souhaita bon voyage, et s'en fut avec "ses" touristes.
Le retour fut intéressant, et j'eus l'impression que parfois la circulation était à droite, et parfois à gauche... Avec de petits bouchons aux changements de côté. Mais bon, je pris le train vers Hong Kong à partir de Canton, et tout se passa bien. J'eus droit à un contrôle strict en passant la frontières, des militaires (ou policiers avec de gros fusils) fouillant le moindre recoin du train.
Plus tard, de retour à Paris, je connaissait un protestant venant de l'est de la France. Il me dit qu'il planifiait un voyage à Hong Kong durant ses prochaines vacances pour y faire du "trafic". J'étais un peu surpris, connaissant ce copain, Etienne, depuis déjà deux ans, et n'imaginant pas qu'il puisse avoir envie de faire cela. Il m'expliqua que c'était du trafic de bibles chrétiennes qu'il s'apprêtait à faire. Il se rendrait à Hong Kong, contacterait des protestants sur place qui lui donnerait deux valises de bibles, l'objectif étant d'aller les porter, à travers la frontière, vers Canton, les bibles étant interdites et confisquées en Chine à ses dires. Le risque pour lui était une reconduite immédiate à la frontière, la confiscation des deux valises, et l'interdiction à vie de rentrer en Chine. C'était négligeable pour lui par rapport à ce qu'il pensait apporter. Je n'ai pas eu de nouvelles de lui depuis, mais je suis sûr qu'il l'a fait. Cela m'apprit à cette occasion deux choses : l'interdit fort en Chine de la liberté cultuelle et le fait qu'il y avait ce genre de trafic... Aujourd'hui, vu le retour de Hong Kong dans la Chine, cela ne doit plus être possible.
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